Fabian Bisig et Lucia Rocchelli ont parcouru le monde avant d'atterrir à Trin. Dans le calme de ce village de montagne, ils dessinent entre un ordinateur, un chevalet et un atelier de menuiserie.
Les rues et les toits de Trin sont mouillés par la pluie. Au rez-de-chaussée d'une ancienne maison d'habitation, Lucia Rocchelli sert le thé : «Nous sommes heureux d'avoir pu installer notre atelier ici», dit l'architecte. Auparavant, le studio Bisig Rocchelli se trouvait dans une étable, où il ne faisait parfois que cinq degrés le matin. Les murs lambrissés sont recouverts de plans, d'esquisses et de photos. Des maquettes s'empilent sur une étagère. Lucia Rocchelli et Fabian Bisig ont installé leurs postes de travail près de la fenêtre. À côté se trouve une table à dessin. Dans l'étable, ils font tous deux de la menuiserie et de la sculpture sur bois ou réalisent des sculptures en plâtre. Pour eux, les activités manuelles sont une source de compensation et d'inspiration. Le travail informatique est nécessaire et pratique, mais aussi abrutissant. «Le travail manuel en revanche est sensuel - les contenus ne nous sont pas fournis, mais c'est nous-mêmes qui les créons», dit Rocchelli.
Le calme de Trin leur permet de travailler de cette façon. Pourtant, ce n'est pas à cause d'un projet muri de longue date qu'ils se retrouvent ici. Ce sont plutôt les méandres des vies mouvementées de cette Italienne du Nord et de cet originaire d'Entlebuch qui les ont conduits dans ce village de montagne. Longtemps avant que leurs chemins ne se croisent à Tokyo, Bisig a fait un apprentissage de menuisier à Sörenberg, a étudié l'architecture à Lucerne et à Bruxelles, a voyagé au Danemark et au Sri Lanka et a travaillé dans des bureaux d'architectes zurichois. Rocchelli, quant à elle, s'est rendue à Londres et aux États-Unis, dans le cadre de ses études à Pavie et a effectué des stages en Thaïlande et à Berlin. En 2020, après quatre ans au Japon, elle a accepté un poste chez Nikisch Walder à Flims, le village voisin de Trin.